Mardi 21 novembre:
Des étudiants, des Iycéens ont défilé de la Sorbonne au
ministère de l'éducation nationale: à l'appel de dispersion, bon nombre ont
fait sourde
oreille et sont repartis vers le quartier latin, à la recherche de lieux,
d'affrontements, de rencontres... tout, sauf rentrer à la maison. Les flics
se sont d'abord chargés d'en disperser une partie, puis les organisateurs
syndicaux et autres chefaillons politicards se sont occupés de renvoyer
chez eux les quelques centaines qui avaient réussi à se
retrouver le soir même à la Sorbonne.
Vendredi 24 novembre:
des fonctionnaires à l'appel de leurs syndicats ont
défilé de
République à St Augustin. A l'appel de dispersion, en scandant "Toi
l'esclave, debout, debout", ils sont rentrés assis-assis dans leurs
autocars qui devaient les ramener dans leurs maisons couchés-couchés. Samedi 25 novembre:
des femmes ont défilé de Bastille à Richelieu Drouot.
Leurs chefs les ont remerciées de leur participation et leur ont demandé de
se disperser. Alors qu'elles avaient crié pendant leur manif qu'elles ne
voulaient pas qu'on les parque à la maison, elles sont remontées bien
gentiment dans les cars qui les ramenaient au foyer.
Jeudi 30 novembre:
On ne défilera pas dans un cortège dont les flics et les organisateurs ont tout décidé:
le trajet, I'heure de départ et d'arrivée.
Après avoir appelé au rassemblement, à la solidarité et à l'action, on ne
rentrera pas chacun chez soi.
On ne laissera ni les flics et les vigiles, ni les S.O. et les syndicats
nous séparer des autres insatisfaits, dans les facs ou dans les rues,
qu'ils soient étudiants, chômeurs ou travailleurs.
On ne laissera pas quelques chefs répéter pour la millième fois des slogans
avec lesquels ils ont pris l'habitude de réduire nos envies.
C'est en se reconnaissant, en se retrouvant avant, pendant et après que
l'on peut commencer à réfléchir, à parler, à agir, à Iransformer, à
exister.
A suivre...
(Tract anonyme distribué le 30/11 par certains de ceux que la presse
désigne comme les "casseurs")
Date: Mon, 4 Dec 1995 10:58:03 +0100
X-Sender: seb@mail.alpes-net.fr
Mime-Version: 1.0
To: rekall
From: seb@alpes-net.fr (Sebastien CARRILLO)
Subject: Re: infos greves direct
Bonjour,
Je vous ai ce matin transmis divers documents concernant la liste des infos
en région Grenobloise.
Nous mettons en place des ce matin, en collaboration avec RMC Grenoble, un
service d'info sur les greves a Grenoble : http://www.alpes-net.fr/greve
Nous aurons un lien sur votre serveur des qu'il sera en ligne. Merci d'en
avoir un sur le notre aussi.
Date: Sun, 3 Dec 1995 17:08:09 +0100
Subject: (fr) RIF / Casseurs
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Date: Sun, 3 Dec 1995 20:52:15 -0600
From: zeenman@inetnebr.com (David Fields)
To: rekall (pascal laporte)
Subject: Re: WEB DIRECT GREVES EN FRANCE STRIKE ON LINE
Organization: Internet Nebraska
I know your e mail posting was about the recent French strike. I don't
read French, but as a union organizer in the United States, I'm very
interested in the strike.
Please post some updates to me concerning this strike. I'd really
appreciate it.
In Solidarity,
From: Giuseppe Salza <giusal@world-net.sct.fr>
Subject: Questions pour un article pour .net
Bonjour,
Je suis le correspondant en France du mensuel britannique .net.
Je suis en train d'écrire un article assez "light" sur la paralysie des axes
routiers, métropolitains et des chemins de fer (surtout ici sur Paris), par
rapport à la _relative_ viabilité et les nouveaux axes qui se dévéloppent de
plus en plus sur Internet. Note: je dis "light" car .net n'est pas le lieu
pour commenter le climat socio-politique Français, et parce que le sujet
recèle de nombreuses contradictions.. :-)
J'ai vu sur fr.network.internet que vous allez préparer une page Web sur la
situation des grèves. Ceci est très interessants pour l'article que je suis
en train d'ecrire. Pouvez-vous me donner davantage de détails?
Quand votre page sera t'elle en place? Mes délais ultimes (pour l'écriture)
sont lundi de la semaine prochaine, et j'aimerais pouvoir la parcourir, dans
le souci de pouvoir vous formuler quelques questions pour mon article.
J'attends avec impatience de vos nouvelles.
Amicalement,
Giuseppe Salza
Giuseppe Salza
RÉSEAU-INFOS-FACS
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Date: Sun, 3 Dec 1995 17:08:32 +0100
RÉSEAU-INFOS-FACS
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POUR UNE UNIVERSITE DE RESISTANCE
Dans le cadre de la réflexion sur la fonction de l'université et de
l'ensemble du système de formation dans la société actuelle, nous avons
constaté la nécessité de réévaluer l'interaction entre université et
formation, université et production, université et savoir.
A un savoir qui se définit de plus en plus selon les exigences du marché du
travail, et à l'introduction de l'idée de formation comme élément
régulateur de la précarité et de la flexibilité, nous opposons une
université qui soit une instance politique de résistance et de création.
L'idée d'une université résistante, lieu d'existence d'une communauté
autre, répond au désir de nous soustraire aux déterminations que le capital
impose au savoir.
Il s'agit donc de faire du savoir ou plutôt de l'étude un moment de
création et de subversion.
L'université de résistance s'oppose à deux tendances apparemment
contradictoires qui délimitent son cadre actuel:
D'un côté l'investissement des entreprises dans la formation universitaire
(élément central du processus de précarisation) a comme conséquence la
métamorphose de l'université en instrument de formation continue.
D'un autre côté l'augmentation du nombre d'étudiants en sciences humaines
ne constitue pas, comme on pourrait le croire, un moment de résistance
critique au capital. Les sciences humaines participent à le définition de
la nouvelle force de travail flexible. Elles sont des lieux de transition
et de stockage à l'intérieur desquels on accueille et on résigne l'actuelle
et future classe précaire à sa condition.
La dévalorisation des diplômes dans ces disciplines et le manque de
financements pour la recherche pousse la population étudiante à renoncer à
l'enseignement. Nous savons en effet que d'autres structures plus
prestigieuses se chargent de former des étudiants qui, élévés dans le
respect des institutions, sont destinés à devenir la nouvelle élite
universitaire.
A cela il ne faut pas opposer la revendication d'un statut reconnu, mais
une université capable de résister à l'investissement du capital dans le
savoir et à la légitimité conventionnelle des élites.
Il ne s'agit pas de créer un espace à part, mais de penser cet espace à
partir des interactions qui l'instituent. Ces interactions définissent
autant de rencontres et de situations critiques qui loin d'avoir lieu dans
l'université sont l'université.
L'université de resistance est donc une université diffuse qui commence son
expansion politique avec l'exigence d'un revenu pour tous.
Collectif des Apatrides
RÉSEAU-INFOS-FACS
--------------------------------------------------------------- ETUDIANTS MENDIANTS OU PRECAIRES SANS SALAIRE
Que Chirac nous alloue des gommes, des crayons, quelques profs, voire des
m2 en plus n'y changera rien. Voici revenu le temps de la rigueur. Déjà des
milliers d'étudiants biaisent avec l'arbitraire pour percevoir un rmi qui
leur reste interdit, tout comme il l'est aux 500 000 chômeurs non
indemnisés de moins de 25 ans. D'autres, y compris lycéens, sont contraints
de se vendre, de se faire employer dans les fast food ou le phone
marketing, contraints d'effectuer des stages gratuits en entreprise. Alors
qu'aucune génération n'a jamais été mieux formée, seule une minorité
d'entre nous a accès à un revenu décent. Notre travail n'est tout
simplement pas reconnu. Notre formation, notre disponibilité et notre
polyvalence sont pourtant indispensables à une production de richesse qui
s'accroît constamment.
Alors que 70% des embauches ont lieu sous Contrat à Durée Déterminée, leur
durée moyenne de trois mois ne permet d'obtenir ni allocation, ni statut
minimal. En mars 1994, contre l'officialisation d'un smic jeunes au rabais,
précaires, chômeurs, scolarisés ou sans domicile avaient su anticiper. Le
statut social étudiant qui nous est vaguement promis ne sera qu'un minable
plat de lentilles. Ne pas en débattre et le combattre dès aujourd'hui
serait l'accepter et faire le jeu des séparations qui prétendent nous
isoler en autant de catégories distinctes. Si Bayrou lâche trois sous de ci
de là tandis que la police matraque aux portes de la fac Pasqua ou
ailleurs, c'est parce qu'à nouveau le système de formation menace de
devenir un creuset de résistance et d'invention.
Leurs plans de Sécurité, sociaux ou non, ont pour but le renforcement du
contrôle, de l'exploitation et de la domination. Ne laissons pas ethniciser
nos révoltes! Ils sont Vichy, soyons pirates! Que cette lutte soit à la
jonction de toutes les absences: de perspectives, de joie, de vie.
Puisqu'un jeune sur deux vit des périodes de chômage, il faut un revenu
garanti pour toutes et tous, français ou étrangers, en formation ou au
chômage. Leur argent pour commencer, puisqu'il en faut. Après ce sera à
nous de voir.
Paris, le 20 novembre 1995.
cargo
RÉSEAU-INFOS-FACS C'EST À L'UNIVERSITÉ QUE SE PRENNENT LES BONNES HABITUDES.
Vous voyez des locaux vétustes, des plafonds délabrés, un manque de places
manifeste et une quantité insuffisante de formateurs.
Voila justement ce gui vous prépare le mieux au monde du travail: les
places y sont comptées, il faut jouer des coudes, se "responsabiliser" pour
colmater soimême les brèches sans être pour autant rémunéré. A la main, ou
simplement les colmater de façon virtuelle: se concentrer pour ne plus les
voir.
Dans votre futur statut de salarie, public ou privé, vous devrez avoir
perdu l'habitude de critiquer les conditions de travail, la distribution
des richesses. Que ces réflexes d'acceptation soient mal intégrés, mal
assurés de votre part, et c'est le patron ou l'Etat qui s'inquiètent
légitimement, I'équilibre qui se trouve dangereusement menacé.
Vous devriez l'avoir compris: le redressement de la France demande un
effort consenti par tous.
Le retour au sacrifice après six mois de "pause" Mururoa-Kelkal.
Comité pour le réveil de la sorbonne sous amphétamines
Notre comite émane d'une faculté relativement privilégiée: cette chère
Sorbonne qui n'est plus à la pointe des mouvements estudiantins. Mais nous
croyons nous rappeler que c'est bien au statut de l'étudiant que voulait
s'attaquer Bayrou. Ce projet est-il vraiment enterré quand on voit la
facilité avec laquelle le gouvernement a modifié la protection sociale ?
Nous diviser entre "fac riches" et "fac pauvres", n'est-ce pas aussi le but
maladroitement recherche? Il faut dire que nous semblons manquer d'une
revendication collective, fédératrice.
Une fac retapée, des postes d'enseignants alloués, cela règle-t-il vraiment
nos problemes dans ce pays dont la richesse s'accroît toujours quoi qu'on
en dise ?
Est-ce uniquement à l'intérieur de la fac que l'étudiant a besoin d'argent,
ou bien sa vie hors de l' Université peut-elle aussi devenir l'objet d'une
critique puissante et salutaire ? ...petits boulots payés sous le Smic,
transports au prix fort, Iogement exigu ou rattachement non choisi au foyer
parental, formations non payées dans des conditions scandaleuses... après
tout cela, bien sûr, ce qui nous attend à la sortie des études semblera
plutôt acceptable... et pourtant c'est la même chose, souvent en pire: dans
le travail, les luttes sur des revendi-.ations comparables aux notreC,
(fric, conditions et distribution du boulot) sont actuellement très faibles
grace aux 3 millions de chômeurs, chiffre que Juppé n'a pas vraiment
intérêt a diminuer, sauf pour sa popularité.
Les chômeurs servent à .
1- Représenter une menace pour l'actif qui aurait des velléités combatives:
"Comment, Durand, demander ci et ça dlors qu'il y a dehors tant de pauvres
prêts à uous remplacer plus docilement et moins cher ?"
2- Culpabiliser tout actif par rapport aux "pauvres sans travail". Durand :
"il y a bien plus mal loti que moi comment oser bouger, désirer plus quand
eux sont au bord de l'exclusion?"
Mais qu'est-ce que l'exclusion ? Les chômeurs non indemnisés, les SDF et
autres sont au centre de l'organisation sociale actuelle.
Ils ne sont exclus que de la richesse, pas du fonctionnement.
Les étudiants, c'est presque pareil. Réfléchissons-y, prenons du recul,
Comité pour le réveil de la sorbonne sous amphétamines