Notre fille a reçu toute son instruction primaire et une partie du collège dans la famille. Notre cas est un peu particulier puisqu'il s'agit d'un enfant adopté présentant plusieurs défis éducatifs, psychiatrique et relationnels. Nous avons choisi l'instruction parentale pour adresser le grave problème du syndrome d'attachement et pour palier aux manques de cadre, de stabilité et d'éveil dans le milieu d'origine. Sur ce point nous avons réussi à éviter une désintégration totale << pré programmée >> et créer quelques liens affectifs pour appuyer notre rôle parental. D'autre part l'instruction parentale a permis de combler raisonablement les déficiences induites par le milieu et les effets in utero de l'alcool et de l'abus de substances. Elle a su lire vite et bien et est devenu une lectrice assidue de livres à fort contenu littéraire. Elle a appris la versification et la stylistique, révélant quelques talents pour l'écriture et la composition poétique. L'instruction parentale au moyen de cours par correspondance, lui a permis de maintenir un niveau scolaire correct et suivre un parcours scolaire normal malgré une lenteur de réaction, une désorganisation mentale et une difficulté de concentration exacerbée pathologique. Ces handicaps d'apprentissage associés à une émotivité dominante et une réserve extrême, lui fait passer deux fois plus de temps que les autres à faire son travail de classe. Instruite au foyer, elle a pu avancer à son rythme sans être exclue, cataloguée, ou orientée comme cela se passe dans une école.
Elle a pu s'ouvrir à des acquisitions complémentaires grâce à la souplesse de cette instruction individualisée : compétition de voile pendant plusieurs années, Échecs de haut niveau, (troisième présence aux Championnat de France Jeunes en 1999), Formation équestre et pratique du piano au Conservatoire. A travers cette ouverture sur le monde elle entretient des correspondances et des amitiés dans plusiuers cercles d'intérêts aux quatre coins de la France, en Europe et jusqu'en Russie. Si elle avait dû suivre les classes dans une école, compte tenu de ses déficiences de départ, le travail scolaire occuperait la totalité se son temps, l'enfermant dans une spirale d'échecs, de cours de rattrapage, de retenues, de devoirs supplémentaires, devoirs de vacances et ad nauseum. Sans l'équilibre qu'apporte l'instruction parentale, elle ne serait pas la jeune fille éveillée et sociable que nous voyons aujourd'hui.
Aujourd'hui, des séquelles physiologiques irrémédiables dues à l'alcool et aux multiples ruptures dans la petite enfance, et une tendance maniaco-dépressive héréditaire ne lui laissent pas beaucoup de chances de s'épanouir comme on pourrait s'y attendre sur le plan purement scolaire, néanmoins on peut affirmer que sans cette liberté de l'instruction sa difficulté d'apprentissage se serait transformé en échec pertpétuel dès la maternelle. Elle fait partie de ces enfants qui déjà à 2 ans sont qualifiés de << hauts risques >>.
Par contre, à l'heure actuelle, tous les témoignages des professeurs et amis reconnaissent que cet investissement parental intensif l'a menée jusqu'au seuil du lycée lui assurant les acquisitions de bases indispensables ( lecture, orthographe, rédaction, compréhension de texte, calcul, histoire et géographie de la France et du monde, notions de science physique et naturelle, pratique de Latin, Russe et Allemand ).
A 15 ans, elle garde un excellent souvenir de ses années << à la maison >> au point que si le choix lui était proposé elle opterait pour le lycée par correspondance dès la rentrée. Elle apprécie hautement l'espace et le temps de vivre que l'instruction en famille favorise. intégrée dans un collège classique, beaucoup de projets, surtout dans le domaine de l'écriture doivent rester sur la touche. Elle voudrait devenir interprète de conférence ou professeur de piano. Elle aimerait aussi plus tard aider les pauvres dans un pays défavorisé.
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