Objet : Rapport de synthèse des réunions du Groupe de Travail "Education"
Rédacteur : Alain Guimpier
Le 6 Juin 1998Participants
Isabelle et Stéphane Pineau
Geneviève Pineau
Hélène Deloumeau, Alain GuimpierPoints Clés de ce Rapport
Le système éducatif est à repenser complètement, tant au niveau familial qu'au niveau scolaire.
Pendant les 7 premières années de l'enfant, il a simplement besoin que nous l'aidions à se construire, dans un total respect de ses choix et de son rythme.
Il faut tout mettre en oeuvre, pour éviter la comparaison et la compétition avec les autres enfants.
Cela nécessite une grande implication des parents (travail sur soi, remise en cause de l'éducation reçue, apprentissage de nouvelle méthodes, etc...)
Cela semble impossible (pour l'instant) dans le cadre de l'Education Nationale (sauf peut-être quelques expériences pilotes).
Deux méthodes ont retenu notre attention : les écoles Steiner et la méthode Montessori
La méthode Montessori est la plus facile à mettre en œuvre dans un Eco-Village qui débute, car un seul enseignant peut encadrer jusqu'à 30 ou 40 élèves de niveaux différents.
La pédagogie "Waldorf" pratiquée dans les écoles Steiner semble plus complète et plus à même de favoriser l'épanouissement de l'enfant dans toutes ses dimensions (physique, émotionnelle, intellectuelle et spirituelle).
Mais elle nécessite des enseignants longuement formés encadrant chacun une seule classe. A moins de bâtir l'Eco-Village près d'une école Steiner existante (il y en a très peu dans la région), cette solution est pratiquement inapplicable.
D'autres alternatives existent sans doute mais nous n'en avons pas trouvé. Le nombre d'enfants en âge scolaire est de toute façon l'un des éléments clé intervenant dans le choix d'une solution. Or ce nombre est encore inconnu, d'autant que selon la localisation de l'Eco-Village, une ouverture peut être envisagée vers des enfants de familles extérieures.
Introduction
Les membres de la commission avaient déjà exploré le sujet ou réfléchi à l'intérêt d'une éducation différente de ce qui se fait habituellement.Un consensus s'est rapidement dégagé sur les objectifs à atteindre et sur le constat qu'il y avait peu de chances pour que ces objectifs puissent être réalisés dans le cadre de l'Education Nationale.
Les paragraphes qui suivent, résument l'avancement actuel de nos réflexions sur ces divers sujets. Celles-ci ne sont naturellement ni exhaustives, ni figées. Tout apport, même extérieur au groupe, sera étudié avec la plus grande attention, car le sujet est fondamental.
Changer la société et ses modes de fonctionnement passe obligatoirement par une refonte radicale du système éducatif. Un simple "replâtrage" ne saurait suffire et il importe donc de mettre toutes les chances de notre côté avant de passer à l'action.
Pourquoi faut-il repenser le Système Educatif ?
Les objectifs du système actuel sont un frein à l'évolutionLa plupart des sociétés, dont la nôtre, ont construit un système éducatif dont la vocation première est de favoriser l'insertion des enfants dans la société qui l'a vu naître. L'intention est louable, mais elle a de redoutables conséquences en période de mutation :
-Un tel système ne permet forcément pas de préparer ces enfants à construire un autre type de société, ni même à faire face aux soubresauts d'une société en crise. Le nombre croissant des exclus de notre système en est une preuve évidente.
L'éducation actuelle tend à uniformiser et niveler les valeursUn autre inconvénient majeur réside dans l'uniformisation, pour ne pas dire le nivellement des individus. Sous couvert d'égalité, un moule "passe-partout" s'est peu à peu édifié et malheur à qui n'entre pas dans ce moule.
Elle s'occupe plus de remplir les têtes que d'épanouir les individus
Le système éducatif français semble même plus déséquilibré que celui d'autres sociétés proches de la nôtre. Ceux qui bâtissent programmes et emploi du temps, semblent avoir oublié la fameuse devise de Montaigne :
- "Mieux vaut une tête bien faite qu'une tête bien pleine."
Tout semble se passer comme si l'on considérait que l'enfant n'a aucune possibilité de savoir ce qu'il fera de sa vie. Et partant de ce postulat, on lui tient sommairement ce discours :
-"Apprends, apprends le maximum de choses, ça te servira peut-être un jour!"
L'école procède à un véritable gavage d'oie, sans souci des rythmes et des possibilités réelles de chaque enfant.De surcroît, le temps laissé à la découverte des activités physiques et artistiques, pourtant indispensables à l'épanouissement d'un être humain, est dramatiquement faible; contrairement à ce qui se passe dans des pays voisins, dont la réussite économique et industrielle n'a pourtant rien à nous envier.
Elle est génératrice de violence et de désespoir
Les trois dernières décennies ont vu une évolution vers l'abandon des formations concrètes (type apprentissage des métiers manuels), au profit de l'enseignement toujours plus long des matières dites "nobles".
Autrefois, ceux qui n'avaient aucun goût ou peu de dispositions pour les études, pouvaient apprendre un vrai métier et entrer de plain-pied dans le monde des adultes. Quelle fierté lorsqu'ils ramenaient leur première paie à la maison! A présent, tous sont condamnés à se morfondre sur les bancs d'une école qui leur donne peu à peu le dégoût d'eux-mêmes (à force d'échecs répétés) et de la vie (le nombre de suicides d'adolescents est en augmentation vertigineuse).
La violence qui se développe dans les établissements scolaires n'est probablement que le reflet de la violence qui est faite à tous ces enfants, qui vont à l'école la peur au ventre.
Même ceux qui s'en sortent le mieux sont généralement immatures et mal préparés
Quant à ceux qui réussissent à sortir du système avec quelques diplômes, ils sont pour la plupart à peine mieux lotis.
Les meilleurs trouvent généralement un emploi mais découvrent avec effarement qu'ils n'y sont pas vraiment préparés. Un diplôme d'ingénieur, par exemple, leur permet d'être cadre dès le début de leur carrière. Mais quand ont-ils appris à exercer des responsabilités d'encadrement? Qui les a préparés à affronter les difficultés relationnelles qui sont le pain quotidien du travail en entreprise?
Les études sont de plus en plus longues, effectuées dans un contexte d'assistanat, qui fournit des diplômés généralement immatures, malgré leurs 24 ou 25 ans. Autrefois, un apprentissage démarré à 14 ans permettait souvent une authentique majorité bien avant les 21 ans.
D'ailleurs s'il faut pousser la comparaison, il est facile de trouver des "Certificats d'Etude" d'avant guerre, ayant une pratique quasi parfaite du français et du calcul. Alors que les bacheliers actuels ne brillent pas toujours par la qualité de leur orthographe ou la maîtrise de la banale règle de trois (et que dire des pourcentages ou du calcul mental!).
Quant à ceux qui n'obtiennent que de "petits diplômes" ou, pire, échouent à l'examen final, leur première expérience professionnelle est souvent le chômage, même pas indemnisé puisqu'ils n'ont jamais travaillé.
L'école est-elle seule en cause?
L'échec du système éducatif actuel parait donc considérable, même en regard de son objectif pourtant minimal d'une bonne insertion dans la société. Pour ce qui est de l'épanouissement des individus, il suffit de regarder la tête des gens dans les transports en commun. Lorsque nul ne se donne la peine de faire "bonne figure", peu de personnes ont l'air heureuses de leur sort.
Mais l'école est-elle seule en cause?
De toute part, on nous dit que "tout se joue avant 6 ans", certains spécialistes insistant même sur l'importance des 3 premières années de la vie. Même si la scolarisation est de plus en plus précoce, les 3 premières années d'un enfant se déroulent encore dans un contexte essentiellement familial.
Mais les parents ont-ils été préparés? A quel moment nous enseigne-t-on l'art d'aider un enfant à se construire? Tant bien que mal, et plutôt mal que bien, nous reproduisons tout ou partie de l'éducation que nous avons reçue, même lorsque nous croyons la rejeter.
Les parents, pas plus que les éducateurs, ne sont préparés à leur rôle
Les orthophonistes le savent bien, qui voient défiler dans leur cabinet, un pourcentage croissant d'élèves d'une même classe. La méthode de lecture globale semble provoquer des ravages, mais les difficultés des enfants trouvent souvent leur origine dans les difficultés que rencontrent les parents. C'est généralement toute la famille qui aurait besoin d'une thérapie. Mais peu veulent l'entendre et encore moins nombreux sont ceux qui peuvent se la payer.
C'est que notre chère Sécurité Sociale préfère rembourser des médicaments aussi inefficaces que nocifs, plutôt que de nous aider à nous reconstruire sur de meilleures bases.
Et les éducateurs, instituteur et autres professeurs, ont-ils travaillé sur eux pour éviter de projeter sur les enfants que nous leur confions, leurs peurs, préjugés, inhibitions et autres névroses? Ont-ils seulement appris la pédagogie et la psychologie de l'enfant?
S'ils l'ont fait, c'est souvent sur leur initiative. Il faut 5 ans d'étude après le bac pour être instituteur. Sur ces 5 années, combien de temps est consacré à la pédagogie? Quelques semaines... Quant à la psychologie de l'enfant ou la réflexion sur la finalité de l'école, j'ai bien peur que ces sujets ne soient même pas abordés.
Alors oui, le système éducatif doit être changé, mais bien en amont du système scolaire! Nous sommes confrontés à ce qui ressemble à la quadrature du cercle.
Pour changer la société, il faudrait éduquer les enfants différemment. Mais pour cela, il faudrait que parents et éducateurs se soient débarrassés des plus grosses séquelles de l'éducation inadaptée qu'ils ont reçue, et que les uns et les autres aient appris des méthodes plus adaptées.
Quelles devraient être les bases de tout Système Educatif ?
D'abord, prendre conscience que chaque enfant est uniqueRudolph Steiner, créateur des écoles du même nom, compare l'enfant à une jeune plante dont nous ne voyons que les premières feuilles. Cette plante recèle déjà en elle les futurs bourgeons, fleurs et fruits qu'elle portera, mais un examen superficiel ne permet pas de les détecter.
Nous savons par expérience, la plante ayant déjà fructifié depuis des siècles, comment se déroulera sa croissance et ce qu'elle produira. Mais ce ne peut pas être le cas pour un enfant, lequel est unique et vit pour la première fois.
L'éducateur doit seulement aider l'enfant à se connaître et se construire
La seule attitude intelligente, face à une telle situation, est de fournir à l'enfant ce dont il a besoin pour grandir, pour se construire lui-même, pour déployer les talents qui sont les siens. Son être profond les connaît, mais si l'éducation le détourne de l'observation intérieure que l'enfant pratique spontanément, il développe une personnalité tournée vers l'extérieur, coupée de ses motivations et besoins fondamentaux.
"Connais-toi toi-même" écrivait Socrate au fronton de son école. Pourquoi a-t-on oublié que la connaissance de soi est la priorité de toute existence?
Lorsque l'enfant se connaît suffisamment, il va de lui-même apprendre ce dont il a besoin pour réaliser ses potentialités.
L'éducateur doit donc connaître les étapes par lesquelles passe tout enfant pour se construire
L'observation attentive de quelques chercheurs de talent (Steiner et Montessori, par exemple) a permis de relever les étapes que parcourt tout enfant qui se construit, et quels sont les outils qui peuvent l'aider dans son évolution. Des formations existent qui permettent d'acquérir cette connaissance indispensable.
Il doit proposer les outils, mais laisser l'enfant choisir ses activités et son rythme
Une écoute affectueuse et attentive des éducateurs permet de reconnaître le début et la fin des étapes et de mettre à portée de l'enfant les outils correspondants. Mais il est indispensable de laisser l'enfant s'approprier lui-même ces outils, au moment choisi par lui. Il est indispensable également de laisser l'enfant répéter et parfaire son apprentissage aussi longtemps que celui-ci le souhaite.
L'intégration d'un enfant dans un groupe doit s'effectuer seulement quand il est prêt
Il est catastrophique d'insérer un enfant dans un groupe, s'il n'est pas suffisamment construit. Ce n'est pas lâge qui doit guider le choix des parents et éducateurs, mais la capacité de l'enfant à gérer ce nouvel environnement. Là aussi, des repères existent. Encore faut-il les connaître!
Le système éducatif idéal doit éviter que la compétition s'installe
Notre société et notre planète sont en train de mourir des conséquences de la compétition sans merci que se livrent les entreprises et les nations. Le germe de ce comportement suicidaire réside dans la comparaison que les enfants font inévitablement lorsqu'ils ont la même activité. Les systèmes de notation, de classement et la pression des parents qui cherchent à se valoriser grâce aux résultats scolaires de leurs rejetons, ne fait qu'envenimer cette tendance naturelle à la compétition.
Mieux vaut persuader les enfants que chacun d'eux est unique et que l'humanité entière a besoin que chacun d'eux se réalise pleinement. Il suffit ensuite de s'organiser pour que dans une classe, il n'y ait pas deux enfants effectuant les mêmes tâches.
Le moteur de l'enfant doit être la joie de la découverte
Un enfant est naturellement curieux. Il aime découvrir, expérimenter, vérifier, répéter. Tout est jeux, tout est joyeux si nul adulte ne vient prononcer des interdits ou semer les germes de la peur.
Il n'est bien sûr pas question de tout permettre. Mais nous devons organiser l'espace dans lequel les enfants évoluent, pour qu'il ne soit pas nécessaire d'interdire, de restreindre ou d'énoncer de quelconques mises en garde.
L'éducation doit prendre en compte toutes les composantes de l'enfant
L'être humain est plus complexe que ce que l'on perçoit au premier abord. Outre le corps physique et le mental que tout le monde reconnaît, de nombreux auteurs mettent en évidence l'existence de deux autres composantes tout aussi importantes.
Les noms varient d'un chercheur à l'autre, mais la réalité qu'ils recouvrent est la même :
- Il y a un corps "subtil" (non perceptible à l'oeil non exercé) qui alimente le corps physique en énergie. Certains le nomment corps "vital" (Sri Aurobindo) et le décrivent comme le siège de nos instincts (issus de notre appartenance au règne animal) et de nos émotions.Chacune de nos composantes a besoin d'une éducation spécifique- Il y a également le siège de notre dimension spirituelle, appelé corps psychique, ou âme ou encore être profond. C'est la partie de nous qui sait vraiment qui nous sommes, et ce que nous avons à accomplir dans notre vie.
Or le système éducatif actuel ne s'occupe pratiquement que du mental (et encore, très imparfaitement! Vous qui lisez ces lignes, avez-vous la maîtrise de votre mental? Avez-vous appris à utiliser conjointement les deux hémisphères de votre cerveau?).
L'éducation du corps physique est à peine esquissée et laissée généralement à l'initiative de chacun.Sans une éducation appropriée, le vital de l'enfant se comporte comme celui d'un petit animal. Certes, à coup de règles morales et d'interdits, le mental apprend à endiguer plus ou moins les exigences du vital (comme l'animal, ce dernier vit dans l'instant et cherche la satisfaction immédiate de toutes ses pulsions).Mais il s'agit plus d'un refoulement des pulsions (générateur de névroses) que d'une véritable éducation
L'éducation du psychique est à la fois plus simple et plus contrecarrée par le système actuel. A la naissance, l'enfant est encore en contact avec sa dimension spirituelle.
Si nous lui laissons la possibilité d'explorer seul cette dimension, il n'y a rien besoin de lui apprendre. Il suffit de le laisser seul avec lui-même tant qu'il ne réclame pas notre intervention.
Mais au lieu de cela, la plupart des parents s'inquiètent dès que l'enfant semble inactif. A l'aide de hochets, interpellations et gadgets divers, l'enfant est peu à peu détourné de l'observation intérieure qu'il pratique spontanément.
Il devient ce que nous sommes pour la plupart (sauf important travail sur soi), un être tourné vers l'extérieur, coupé de sa réalité profonde.
L'éducation doit rechercher l'harmonisation de ces composantes
Dans la pratique quotidienne, nous sentons bien que nous sommes souvent tiraillés entre des mouvements contraires. L'état d'indécision, d'insatisfaction, voire de dépression, qui résulte de ces combats perpétuels provient de ce que chacune des composantes cherche sa propre satisfaction, sans se soucier des autres.
Toute éducation visant à l'épanouissement de l'être humain doit permettre une collaboration harmonieuse entre toutes nos composantes. Cela n'est possible qu'en apportant aux diverses parties de notre être, la compréhension des lois qui les gouvernent; en leur donnant l'envie de se rassembler autour de la partie la plus noble de notre être : l'être psychique (parce que c'est elle qui est notre vérité).
L'enfant doit pouvoir rencontrer de nombreux modèles d'hommes et de femmes
Dans sa phase de construction, l'enfant procède beaucoup par imitation. Les références à partir desquelles il bâtit sa personnalité sont nos actes et non nos discours.
Même si nous nous sommes longuement préparés (Maria Montessori disait que l'éducation d'un enfant se prépare 20 ans avant sa naissance), nous n'avons aucune chance de lui montrer un modèle parfait.
Nous n'avons même aucune possibilité de lui apporter tout l'amour dont il a besoin. En effet l'enfant a un besoin d'amour absolu, qu'aucun être humain ne peut lui donner (c'est ce besoin qui nous "tire" vers le Divin).
Alors un moindre mal consiste à permettre que l'enfant rencontre le plus possible d'adultes des deux sexes (les plus équilibrés possible, cela va de soi). De la sorte, il augmentera le nombre de ses modèles. Ce qu'il ne trouvera pas chez l'un, il le trouvera probablement chez l'autre. Quand l'un ne sera pas disponible, d'autres le seront et l'enfant aura le choix de se tourner vers la personne correspondant le mieux à son besoin du moment.
Il doit également être en contact le plus possible avec la nature
L'éducation d'un enfant doit être la plus concrète possible, en prise directe avec la vie et en contact avec la nature.
Une ferme, une forêt proche, un jardin, des artisans, etc... sont des atouts inestimables dans l'apprentissage de la vie. Il sera bon de s'en préoccuper, lorsqu'il s'agira de choisir un lieu.
En lui enseignant le respect de soi, l'éducateur lui enseignera le respect des autres et de la nature
Le respect des autres et de l'environnement (plantes, animaux, lieux) doit impérativement être développé chez l'enfant. Cet apprentissage n'est possible que si l'enfant est lui-même respecté. Mais il faut également lui apprendre à se respecter et à se faire respecter.
La dimension spirituelle ne doit pas être oubliée, mais en laissant l'enfant choisir sa propre spiritualité
Respecter l'enfant, c'est aussi se refuser à lui imposer notre vision de l'existence et en particulier notre spiritualité. Pendant les premières années de sa vie, il est plus en contact avec le Sacré (ou le Divin, ou Dieu, ou l'Existence, ou tout autre nom que nous donnons à la source de toute vie) que la plupart des adultes qui l'entourent.
Alors, de grâce, aidons-le simplement à entretenir ce contact, à explorer et développer sa propre spiritualité! Prions, méditons, pratiquons tout rituel de notre choix, mais laissons l'enfant libre de s'y associer ou non. Laissons-le regarder ailleurs si cela le tente. Il trouvera de lui-même ce qui lui convient le mieux.
Un enfant qui passe les 7 premières années de sa vie sans être "corrompu" est ensuite indestructible
Presque tous ceux qui se sont penchés sur les étapes de l'évolution d'un être humain, s'accordent pour reconnaître que nous évoluons par cycles de 7 années.
Le premier cycle est déterminant. Si l'enfant a pu se construire librement et intégralement, en étant protégé de toutes les corruptions que la société actuelle recèle, il sera ensuite suffisamment fort, indestructible disent certains (Osho notamment), pour affronter cette société.
Il faut entendre par "corruption", tout ce qui dénature, masque ou remplace la véritable personnalité de l'enfant.
Tout ceci est-il réalisable? Des solutions existent-elles ?
Pas encore totalement, mais il faut bien commencer par quelque choseMettre totalement en pratique ce qui précède est pratiquement irréalisable dans l'immédiat. Où trouverons-nous des parents et des éducateurs non corrompus eux-mêmes par leur éducation, ou qui auront totalement libéré leur véritable personnalité?
Mais cela ne doit pas nous empêcher de commencer.
D'ailleurs le mouvement est déjà en marche sur l'ensemble de la planète. Le mouvement écologique, les expériences Eco-Villages, l'accroissement exponentiel des offres de thérapies et formations en tout genre en sont la preuve.
De plus en plus de personnes sentent que l'humanité est au bord du gouffre et que les gouvernements sont généralement impuissants à redresser la barre. De plus en plus nombreux sont ceux qui ont compris que "pour changer le monde, il faut d'abord changer soi-même".
Fréquentant depuis 15 ans divers courants de thérapies et autres lieux de travail sur soi, je peux attester que l'âge moyen des participants baisse sans cesse. Il est de plus en plus fréquent de trouver des jeunes d'une vingtaine d'années dans ces stages, alors qu'à mes débuts, 35 ans était l'âge des remises en cause précoces et 42 ans l'âge le plus fréquent.
Lorsque viendra le moment pour eux d'être parents, ils seront mieux préparés que leurs aînés et soucieux de trouver un meilleur système éducatif pour leurs enfants.
L'Education Nationale ne peut pas être une solution acceptable
Cette énorme institution qu'est l'Education Nationale n'est pas prête à se transformer radicalement. Il n'est qu'à voir les levées de boucliers et les réactions corporatistes qui se manifestent, lorsqu'on parle seulement d'adapter les rythmes à l'enfant au lieu de chercher le confort des enseignants ou des administrations.
La plupart des enseignants font du mieux qu'ils peuvent, mais ils sont prisonniers d'un système que même les parents contribuent à verrouiller. Mes filles ont eu la chance de croiser la route d'un instituteur pratiquant la méthode Freynet. Mais ça n'a pas duré. Une pétition d'un important groupe de parents a provoqué la mutation de ce "maître qui ne donnait pas de devoir à faire le soir".
Heureusement la loi autorise les parents à éduquer leurs enfants en-dehors de l'école
Nous n'avons pas encore toutes les informations relatives à cette possibilité, mais la chose est déjà couramment pratiquée. Des familles éduquent seules leurs enfants et des écoles "alternatives" sont déjà expérimentées dans de nombreuses régions.
La loi oblige seulement les familles ayant fait ce choix, de soumettre périodiquement les enfants à des contrôles de connaissance.
L'éducation au sein de la famille n'est certainement pas la bonne solution
Quelle que soit la capacité des parents à pratiquer un système éducatif proche de l'idéal évoqué plus haut, une éducation dispensée intégralement au sein de la famille aura de nombreuses carences (trop peu de modèles d'adultes, échanges limités, pas d'apprentissage des relations au sein d'un groupe, peu de confrontations avec les différences, etc...).
S'il n'est pas possible de faire autrement, si les parents sont préparés et motivés, cette solution peut donner de meilleurs résultats que le système classique. Mais l'idéal reste une collaboration étroite entre la famille et une structure éducative extérieure, dirigée par des éducateurs formés à ce métier.
Les écoles Steiner
Plusieurs membres de la commission ont assisté à une conférence concernant ces écoles et profité d'une journée "portes ouvertes" de l'école de Sorgues. En annexe à ce compte-rendu, vous trouverez des documents décrivant la pédagogie pratiquée et listant les écoles existantes.
Il s'agit manifestement d'un système éducatif visant à éduquer toutes les composantes de l'être humain, qui a fait ses preuves.
Les écoles Steiner sont malheureusement peu nombreuses et onéreuses. La formation d'un enseignant est longue et, sauf erreur, je ne crois pas que quelque chose soit prévu pour former les parents.
Cette piste mérite en tout cas d'être explorée davantage. L'exemple de Sorgues montre qu'une telle école peut être démarrée progressivement, à raison d'une classe par année, en commençant par exemple par le jardin d'enfant.
Encore une fois, la faisabilité dépend du nombre et de l'âge des enfants présents au démarrage de l'Eco-Village.
La méthode Montessori
Hélène à suivi une conférence sur cette méthode, suivie d'un stage d'initiation d'une semaine. Elle en est ressortie avec l'envie de suivre une formation complète à partir d'octobre (je souhaite également suivre cette formation).
Cette formation s'adresse aussi bien aux parents qu'aux éducateurs. Il n'y a pas beaucoup d'écoles Montessori, mais cela n'est pas un handicap, car deux personnes formées peuvent facilement animer une classe multi-niveaux (et former les parents qui ne le seraient pas).
Le feuillet joint à ce compte-rendu vous en dira plus sur la méthode. Mais nous avons également rencontré une Maman qui pratique Montessori depuis plusieurs années, pour ses propres enfants.
Les résultats semblent à la hauteur de ses espérances, mais cela lui a demandé un travail considérable.
En effet, l'enseignant Montessori prépare lui-même un très grand nombre d'outils pédagogiques (même s'il dispose de moyens financiers permettant d'en acquérir). Ces outils servent à chaque enfant, au moment qui convient à celui-ci. Le travail préparatoire est donc le même, quel que soit le nombre d'enfant à éduquer.
Une formation est proposée près de Manosque; par un couple apparemment très compétent, et pour un prix intéressant. Deux ans suffisent, à raison de 10 week-end par an (plus travail personnel évidemment), pour se former à enseigner au niveau primaire.
Cette solution paraît donc la plus facile à mettre en oeuvre
Existe-t-il d'autres solutions?
Pour l'instant, nous n'en savons rien, mais la prospection reste ouverte. Le bulletin du réseau et la réunion nationale de fin août nous permettront sans doute de questionner les Eco-Villages constitués ou bien avancés dans leur projet.
Que pouvons-nous faire dans le cadre d'un Eco-Village?
Montessori semble pour l'instant la solution la plus facile à mettre en oeuvreUne seule personne formée à la méthode peut (selon les conférenciers) animer une classe multi-niveaux comportant jusqu'à 40 élèves. Cela paraît ahurissant à première vue, mais Yvette Ghersi et Michel Pons semblent en avoir l'expérience.
Ces deux personnes ont créé un centre de formation pour adultes, situé (comme par hasard) tout près de nous, à Villemus, sur la route de Manosque.
Hélène et moi-même sont déjà candidats à suivre cette formation. Hélène, en tant qu'orthophoniste a tout naturellement envie d'animer une future classe Montessori. Personnellement, en tant que formateur, je me vois bien transmettre la méthode aux parents qui n'auraient pas pu suivre la formation dispensée à Villemus.
Mais rien n'interdit à d'autres personnes du futur éco-village de profiter de cette opportunité exceptionnelle (Yvette Ghersi et Michel Pons ne connaissent pas, en France, d'autres centres de formation Montessori pour adultes).
Une école Steiner semble plus hypothétique
A moins de trouver des personnes formées à cette méthode et désireuses d'intégrer l'éco-village, il semble difficile de démarrer sur les bases d'une école Steiner.
Il reste la possibilité que l'éco-village s'installe près d'un lieu où existe déjà une telle école, mais cela restreint considérablement les choix de sites et impose pratiquement la proximité d'une grande ville.
Nous avons vu d'autre part que les coûts de scolarisation dans une école Steiner sont importants.
Même la solution Montessori pose le problème du nombre d'enfants
A moins de trouver des éducateurs déjà formés, c'est seulement dans 2 ans qu'une personne démarrant sa formation maintenant pourra assurer les cours pour des enfants entre 7 et 11 ans (pour l'instant, il ne semble pas possible de se former pour couvrir le secondaire).
Dans un éco-village nouvellement créé, y aura-t-il assez de familles pour remplir une classe? Le problème est en fait celui de la rémunération de l'éducateur? Plus il y a d'enfants, moins cela coûtera aux familles.
Là encore, la proximité d'une ville (ou d'un groupe de villages) de quelques milliers d'habitants sera un avantage. Elle permettrait probablement d'intéresser les familles à l'éco-village.