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La Lettre du Village Nature
(Déc. 1999)
Texte présenté et discuté lors du rassemblement
des 4 et 5 décembre 1999 à Pallières. Une quarantaine
d’adultes étaient présents, et quelques enfants...
Analyse du projet
Le développement du projet VN a permis de mettre à jour
un point essentiel quant à la stratégie adoptée. Nous
formons un ensemble d’individus, certes, mais composé de deux catégories
bien distinctes : Les acheteurs et les locataires (quel que soit le bien
loué ou la durée de ces locations).
1°) Dans le projet SCI, nous avons essayé de traiter ces
deux groupes comme s’ils n’en formaient qu’un, et tenté de créer
une structure qui puisse répondre aux attentes respectives de ces
deux sous ensembles. L’approfondissement de cette voie a débouché
sur la mise à jour de plusieurs inconvénients susceptibles
de remettre en cause les fondements de nos choix. Il s’avère en
effet que dans ce projet, les acheteurs finançaient à eux
seuls une structure qui devait permettre d’accueillir les locataires (au
sens large du terme), sans autre contrepartie que le plaisir de voir ce
lieu fréquenté par un maximum de personnes s’alimentant sans
artifice.
Or, la SCI est une structure lourde à gérer, avec des
frais de fonctionnement à assurer et des engagements financiers
non dénués de risques (responsabilité illimité
des associés) à assumer. Or, si l’on ne possède pas
grand chose, on ne risque pas grand chose non plus... Mais ceux qui ont
mis de côté quelques biens se retrouvaient en fait à
supporter non seulement leur propre part d’engagement financier, mais aussi
celle de ceux qui ne pouvaient pas l’assumer.
2°) La nécessité de nous définir clairement dans
le règlement intérieur de cette SCI pose plusieurs problèmes.
-
Le premier vient du fait qu’avec une telle structure, fonctionnant avec
ses propres règles internes, nous risquons d’être identifiés
à tort comme des " extraterrestres " et nous offrons le bâton
pour nous faire battre par les organismes anti-sectes, et autres organismes
administratifs.
-
Le deuxième point vient du fait qu’après de nombreuses discussions,
nous n’avons pas réussi à nous définir clairement.
En effet, quelle que soit la formulation que nous utilisions, elle sera
toujours un peu " trop " pour certains, et " pas assez " pour d’autres.
Et pour cause, puisque nous ne constituons justement pas une secte. Nous
sommes des individus, tous différents, tous à des niveaux
de conscience différents, et tous avec un passé et un avenir
différent. Seule une volonté de mettre en pratique un concept
d’écologie globale nous anime plus ou moins suivant les individus.
Par écologie globale, il faut entendre autant une tendance à
respecter les principes édictés dans diverses éco-chartes
actuelles, que la tendance à respecter la nature biologique de l’homo
sapiens sapiens, et donc son alimentation originelle.
De plus, qui dit règles, dit aussi que la SCI va devoir s’employer
à les faire respecter. Or, si nous n’avons pas réussi à
nous définir clairement, qu’en sera-t-il lorsque nous devrons faire
appliquer des règles mal ficelées, tout en tenant compte
de nos différences, bien sûr. Quoi qu’il en soit, peu d’adhérents
au projet ont envie de s’entendre dire ce qu’ils doivent faire ou ne pas
faire. Le monde dans lequel nous vivons s’en charge déjà
bien assez comme ça...
L’alternative
Reprenons donc les choses à zéro. Comme cela a déjà
été souligné, nous constituons deux groupes bien distincts
: les acheteurs et les locataires. Ce dernier groupe pouvant à son
tour se subdiviser en " locataires à l’année " et " locataires
à temps partiel ".
Le but étant d’élaborer une stratégie qui satisfasse
chacun de ces groupes et sous groupes, commençons par analyser le
point de vue des acheteurs, sans lesquels rien ne serait possible. Ensuite
nous essaierons d’échafauder un système qui permette au deuxième
groupe d’entrer dans la danse sans que les acheteurs aient envie de prendre
leurs jambes à leur cou.
Les acheteurs
Un simple notaire peut se charger en leur nom de mener à bien
l’achat et le morcellement d’une grande propriété. Par ce
système, ils profitent d’un prix de gros qui est la juste récompense
de leur union. Pour une somme donnée au départ, ils bénéficieront
ainsi d’un surplus de marchandise d’environ 10 à 15 % par rapport
aux mêmes achats réalisés individuellement (vente au
détail).
Ils devront certainement constituer une association des habitants du
" Village Nature ", une structure très simple, tout à fait
identique à des milliers d’associations de quartier. Une structure
qui permette de mettre des moyens en communs pour gérer une bibliothèque
ou un bulldozer, des activités du troisième âge, la
gestion d’une salle des fêtes.
Jusque là, rien à dire. Chacun est propriétaire
de ses biens sans aucun engagement ni contraintes " extra " ordinaires.
Si ce n’est que, par définition, ils souhaitent que des locataires
originels puissent s’intégrer au Village Nature (puisque sinon,
ils ne se seraient pas embarqués dans ce projet).
Les locataires à l’année :
Ainsi, les personnes souhaitant louer un bien à l’année
(terre ou autres), devront s’adresser directement à ceux qui les
possèdent. Et pour concrétiser leurs accords, des contrats
classiques (à caractère agricole ou autres) pourront être
établis entre propriétaires et locataires. S’il y a offre,
demande, et volonté commune...
Les locataires à temps partiel
Deux choix se présentent pour résoudre cette équation
" d’intégration " :
1°) Le libéral, qui consiste à escompter
qu’un propriétaire se décide à créer un camping
en son nom, qu’il investisse dans des sanitaires, qu’il aménage
des aires pour accueillir des tentes, des caravanes, des bungalows, etc.
Bref, une petite entreprise classique, qui se débrouille toute seule
et n’engage que sa seule responsabilité. S’il y a de la demande,
ça peut marcher. Mais qui sera celui-là ? Cette solution
sera peut-être à envisager de plus près si la seconde
solution ne décolle pas.
2°) Le camping partagé ou l’Association des Amis du Village
Nature, qui consiste à répartir équitablement
les tenants et les aboutissant de cette réalisation " collective
".
Demander aux acheteurs de financer eux-mêmes la totalité
des besoins ne tient pas la route. Mais proposer qu’ils avancent à
l’association 10 à 15 % de leur achat, c’est à dire le surplus
acquis grâce à leur regroupement, devient envisageable dès
lors que le remboursement de cette avance est prévue par contrat
au départ.
L’association pourrait ainsi disposer d’un espace permettant de développer
une structure d’accueil utilisable par tous les membres de l’association,
tout en bénéficiant de délais de paiement compatibles
avec ses rentrées. Reste à trouver le financement des infrastructures
nécessaire à son bon fonctionnement.
Comme nous sommes tous intéressés par cette réalisation,
nous pourrions déjà tous mettre la main à la pâte.
Le bulldozer sera géré par l’association, reste plus qu’à
trouver de quoi financer les matériaux. Les sommes en jeu ne sont
pas terribles et ne devraient pas être très difficiles à
réunir. Comme les propriétaires ont déjà beaucoup
donné, et que les principaux bénéficiaires de cette
réalisation sont les futurs locataires eux-mêmes, il est logique
de se tourner un peu vers eux. Chaque futur locataire pourra ainsi avancer
une certaine somme, en paiement anticipé de ses loyers à
venir, ou travailler activement à la réalisation du camping.
Et puis on bricolera, on s’aidera.
Ce camping serait en quelque sorte privé, réservé
aux membres de l’Association du Village Nature. Les personnes ayant contribué
à son élaboration, soit par une avance de trésorerie,
soit par leur travail, pourraient être exonérées de
droits d’entrée. Ces droits concerneraient donc uniquement ceux
qui souhaiteront se joindre à nous lorsque tout aura été
fait, et ce, à titre d’amortissement de la création initiale.
L’ouverture sur l’extérieur faisant partie des priorités,
il serait certainement utile de prévoir des zones " crues " et des
zones " cuites ", dans le même esprit que les zones fumeurs et non-fumeurs.
De même, les droits d’accès dont il a été question
ci-dessus ne devront pas être exigibles d’entrée. Une franchise
d’un mois, par exemple, pourra être décidée d’un commun
accord.
Ainsi, les personnes intéressées pourraient tester l’ambiance
tout un mois durant avant de s’engager à plus long terme par le
versement de leurs droits d’inscription.
Conclusions
Nous venons de faire le tour des intervenants de ce nouveau projet,
ainsi que le tour des liens qui les unissent dans ce choix. Vous aurez
constaté que les références au cru y sont peu nombreuses.
Il était là l’esprit initial du projet : tout faire en utilisant
les règles du jeu de notre société actuelle.
A nous de nous montrer suffisamment intelligents, tant au niveau du
cœur que de la tête, pour atteindre nos objectifs sans avoir besoin
de poster un gendarme au détour de chacun de nos gestes.
Ainsi, la question de la secte ne se pose quasiment plus. Ni celle d’une
société (la SCI), mêlant des histoires d’argent (les
locations) avec un règlement intérieur légalement
difficile à appliquer. En effet, si la normose tabagique est largement
reconnue aujourd’hui, il n’en est pas de même en ce qui concerne
la normose culinaire.
Une interrogation persiste cependant, car le VN ne se trouve pas particulièrement
" protégé " d’un éventuel investissement des lieux
par des personnes culinarisés. Le principe du parrainage de chaque
nouveau par un ou deux membres de l’association devrait probablement permettre
de réguler les nouvelles entrées. Tant vis à vis de
cette question que par rapport à la cohésion sociale des
villageois.
Et quand bien même, quelle personne culinaire " normalement "
constituée, et aux idées bien arrêtées à
ce sujet, aurait l’idée de venir se fourrer dans un lieu si caractéristique
? Outre les familles des résidents, qui mériteront peut-être
un régime de faveur (exonération des droits d’entrée
?), ce lieu devrait être fréquenté par des personnes
en questionnement sur l’alimentation de notre espèce en général,
et de ces originaux originels en particulier.
Et quand bien même, je ne vois pas en quoi un voisin culinarisés
serait gênant, tant qu’une majorité de cru peut continuer
à faire fonctionner l’association dans le respect de ses spécificités.
Et si ce n’est plus le cas, ça voudra dire que le projet ne devait
pas être, mais personne ne laissera beaucoup de plume dans l’affaire.
Le monde est fait comme ça, et c’est avec celui-là qu’il
faut faire.
Si quelqu’un veut vendre ses biens (simple déménagement,
dissident ou héritier culinarisés), il aura tout intérêt
à chercher du côté des originels s’il veut espérer
trouver un acheteur. Une logique d’auto régulation s’appliquera
par la force des choses, s’il y a force des choses. Et sinon, c’est encore
que ça ne devait pas se faire.
Voilà donc, au diable les règles, elle ne sont jamais
faites que pour ceux qui ne savent pas vivre sans. Et de par le faible
niveau d’excitation endogène mesuré par le Stressomètre
de Comby chez les originels, nous sommes quand même particulièrement
bien placés pour nous en passer.
Ainsi, nous pouvons déjà partir à la recherche d’un
lieu, et déjà prendre contact avec un notaire pour lui mettre
en main le dossier. Dès réception du nouveau questionnaire
qui a été envoyé aux 50 adhérents du projet,
nous connaîtrons notre budget, le nombre de personnes intéressées,
leur répartition en investisseurs et locataires, et leur souhaits.
Alors, les acheteurs pourront alors partir en quête d’un lieu conforme
à ces exigences avec l’aide des intéressés " non acheteurs
" : les futurs " locataires ".
Simultanément, il faudra s’employer à créer cette
association afin qu’au moment de la transaction, les espaces communs, droits
de passage, et attributions de terrains pour le camping, soient légalement
enregistrés au nom de l’association.
Lorsque la visite de l’un de ces lieux aura remporté suffisamment
d’adhésions, le projet pourra se concrétiser sur le papier
sans autre complication. Nous sommes un certain nombre à vouloir
acheter une terre, une habitation ou une ruine, et bien allons-y. Lorsque
ce sera fait le plus important sera fait. Installons nous et, avec nos
frères originels, essayons de construire un monde meilleur, basé
sur le concept d’écologie globale.
Meilleures fêtes à tous, et vive l’an 2000.
Dominique Guyaux