16 mai 2000
Visite de Michel Duffour, Secrétaire d'État à la décentralisation culturelle
et au Patrimoine
Texte intégral
Michel Duffour : Bonjour, je vous explique le sens de ma visite et les
suites de la discussion que nous avons eu Madame la Présidente et moi-même.
Je suis ici parce que je pense qu'à l'échelle de tout le pays et en
particulier dans les grandes villes, qu'il est nécessaire d'encourager tous
les lieux alternatifs de création, non pas en opposition avec les
institutions elles-mêmes, mais qu'il est nécessaire pour une culture
vivante, pour sentir tout ce qui se passe dans la jeunesse, pour que de
jeunes talents puissent éclore, d'avoir des lieux où des gens se retrouvent,
travaillent comme ils le souhaitent, de manière pluridisciplinaire, comme je
l'ai vu finalement par ce très bref passage, même si je ne vais pas tirer de
conclusion d'une visite aussi rapide. C'est pour ça que je suis ici, ce
n'est pas du tout dans un contexte de polémique avec qui que ce soit. Nous
sommes à Nice, nous pourrions être dans n'importe quelle ville du pays des
élus, qu'ils soient de l'actuelle majorité ou de l'actuelle opposition,
prenez donc bien mon passage comme une visite s'inscrivant dans un souci
culturel très fort que nous avons au niveau du ministère.
Vous êtes dans une situation qui demande des réponses rapides. Nous sommes
et vous le savez bien, dans le provisoire. Il faudrait faire en sorte que
tout ce qui a grandi ici ne soit pas tué dans l'|oeuf et qu'on puisse avoir du
temps pour vous reconvertir les uns et les autres dans un autre lieu, pour
prolonger et amplifier le travail que vous menez ici. C'est dans cet esprit
que j'écrirai dès aujourd'hui ou dès demain au maire de Nice, d'une manière
très constructive, pour lui réaffirmer quelle est la démarche du ministère
et que nous sommes, nous, partie prenante avec la Direction des Affaires
Culturelles pour trouver les solutions que la collectivité territoriale
estime possible, et que les associations qui sont ici pensent souhaitables.
À court terme, j'ai donc eu, après la discussion avec Madame la Présidente
un très large accord sur ce qu'elle m'a dit. Il y a donc sur ces trois
bâtiments, d'une part, mais ça je crois que tout le monde en est d'accord,
évidemment la destruction du premier bâtiment, la décision a été prise et je
crois qu'il serait important pour la vie locale, pour les riverains que j'ai
rencontré tout à l'heure très rapidement et qui sont très focalisés, on peut
les comprendre parce que ce n'est pas vrai qu'ici, ça se passe souvent sur
les situations qui pourraient naître de lieux comme ici, que ce bâtiment
soit vite détruit. Madame la Présidente est d'accord pour qu'il y ait la
signature d'un bail précaire renouvelable, c'est-à-dire que vous puissiez
rester ici de manière transitoire, et je l'en félicite. Elle pose avec
raison quelques conditions et la balle à partir de là est dans vos mains Je
crois que ces conditions sont raisonnables et qu'elles sont guère
contournables. Madame la Présidente souhaite avoir un interlocuteur unique,
mais ça c'est un problème entre associations de s'entendre pour que nous
n'ayons pas une situation qui ensuite, juridiquement prête à confusion.
Madame la Présidente souhaite aussi que ce lieu soit un lieu de création, de
travail, ne soit pas transformé au cours de cette période transitoire comme
un grand lieu de spectacle, de public, je me doute qu'avec l'imagination
débordante que vous avez, il serait facile de s'inscrire dans cette voie-là,
mais il est souhaitable et la visite des locaux me fait penser que c'est ça
qui serait réaliste, de bien s'inscrire dans une perspective de création, de
travail pour trouver des forces supplémentaires pour les étapes suivantes
que vous allez avoir à franchir, et qu'il y ait une mise en état pour avoir
les normes de sécurité indispensables des bâtiments et en premier lieu de
l'électricité.
Sur ce plan-là, le ministère est prêt à s'engager, avec les autres
partenaires. Quand je dis autres partenaires, je pense au Conseil Régional,
j'ai vu qu'il y avait plusieurs représentants de celui-ci pendant cette
visite, je pense au Conseil Général mais aussi à la Ville de Nice. En tout
cas, nous sommes nous, en tant que ministère, prêts à engager entre '50 000
et 200 000 francs, en tout cas un tiers des travaux. Il faut qu'il y ait un
suivi de nos partenaires et que le geste, je dirais normal, parce que le
lieu et votre travail en valent la peine, que je geste normal du ministère à
travers sa Direction régionale soit suivi par d'autres partenaires et que
nous ayons ce bâtiment aux normes.
Notre Direction Régionale est ensuite évidemment tout à fait disposée à
collaborer avec la mairie pour trouver ultérieurement un lieu permettant que
vous poursuiviez ce travail. Je fais des visites dans différentes villes de
France, j'étais il y a quelques semaines à Bourges, au-delà de toute
tendance politique, le maire de Bourges qui n'est pas dans l'actuelle
majorité plurielle qui dirige ce pays, tout comme d'ailleurs son opposition
de gauche, soutiennent très activement une friche culturelle, appelons cela
ainsi, qui a les aspects de vos bâtiments, ou en tout cas qui donne
évidemment par le volume, par les locaux, d'un travail un peu identique à
celui que vous animez, et nous estimons que c'est très important pour la
densité de notre tissu culturel et que l'on puisse sur ce plan là
progresser.
Voilà l'essentiel de ce que je voulais vous dire. Je pense que je n'ai pas
fait d'oubli Madame la Présidente par rapport à notre discussion. Donc mon
annonce, cette annonce de soutien, de soutien financier, de soutien
ultérieur pour trouver des locaux, et en même temps un soutien au niveau du
sens, un soutien culturel sur le travail qui est engagé et qui pour nous
compte beaucoup.
Ð Moi je voudrais prendre la parole au nom du Théâtre de la Brèche, comme le
Collectif des Diables Bleus on est très heureux de ce que vous avez pu nous
annoncer, sur la précarité et sur le devenir de nos deux bâtiment on est
bien sûr tout à fait conscient et on accepte bien sûr les conditions
d'assurance des lieux et de prise en compte des nuisances sonores par
rapport aux voisins c'est une évidenceS Seulement on se trouve dans une
petite urgence. Par rapport aux bâtiments qui est juste derrière la
palissade, qui plus ou moins fait déjà partie du site, ce bâtiment
appartient à l'Armée et va être vendu aux enchères dans les trois mois qui
viennent. Or, il nous semblait intéressant qu'il puisse y avoir une
intervention avant la vente pour justement qu'on ait du temps pour réfléchir
nous, les associations, les compagnies, les ministères, avec la DRAC, à
comment on pourrait envisager l'avenir, dans deux ans, une fois qu'on sera
sorti de cette situation de précarités. Ce bâtiment est assez intéressant
parce qu'on est déjà sur le site, il y a quelque chose de fort qui s'est
créé sur Nice et la possibilité d'une friche ne s'est pas faite par hasard,
c'est aussi parce qu'on a eu l'opportunité de se retrouver dans un même site
qu'on a créé ce lien fort entre le Collectif des Diables Bleus et le Théâtre
de la Brèche. C'est donc une des demandes qu'on fait de pouvoir mettre en
place un calendrier de travail et de réflexion avec vous et de construction
de l'avenir.
M. Duffour : Mes conseillers techniques prennent bonnes notes de votre
demande ainsi que Monsieur le Directeur. Vous comprenez bien que je ne peux
pas apporter une réponse immédiate sur quelque chose d'aussi lourd, on en
prend bonne note. Je pense que ça peut être une hypothèse parmi d'autres, en
tout cas, elle a indéniablement une certaine cohérence.
Jeff : Ce qu'on voudrait, c'est qu'il se mette en place un calendrier de
travail avec la Direction Régionale pour qu'on avance étape par étape sur
l'évolution après les deux ans où on va pouvoir rester là, on aimerait bien
pouvoir travailler tous ensemble sur cet objectif là.
J. Victor : Sur cette question Monsieur le Ministre, en tant qu'élu de ce
canton j'ai interpellé le Maire de la Ville, d'autant qu'il y a un projet
urbain qui va se développer quand ces 17 000m2 seront libérés, en lui
disant, soit la ville se porte acquéreur, soit l'État, éventuellement, en
fait dont à la ville afin d'aller à la rencontre du projet culturel que les
associations ont. Donc si l'État pouvait soutenir cette demande, c'est
l'Armée qui va vendre les 17 000m2 qui restent, qui vont être mis aux
enchères, soit il y a don, entre ministères, je ne sais pas comment les
choses se passent, mais il y a peut-être des conversations à avoir dans ce
sens, soit la ville est en capacité, aidée du Conseil Régional, Conseil
Général, d'acquérir ce terrain afin d'envisager un projet urbain beaucoup
plus important et afin que nous ne voyons pas, à proximité, à nouveau,
beaucoup de béton s'élever, nous n'en avons pas besoin dans ce quartier en
ce moment.
C. Caressa : Même question, d'autant que l'Armée a déjà vendu à la ville
cette partie-là, 33 millionsS Et maintenant il pourrait y avoir l'ascenseur
dans l'autre sens, parce que quand même, on ne peut pas toujours dire que
c'est la Ville qui doit tout acheter et l'État jamais. Donc, puisqu'on a
payé pour l'État pour faire l'université, l'État pourrait remettre la
parcelle à la Ville.
Ð Pour en revenir sur les propositions à court terme de Monsieur le
Secrétaire d'État et de sa référence aux partenaires, je dois dire que pour
le Conseil Régional, et la présence des deux vice-présidents ici confortera
mes propos, il y a un accord de principe établi pour la participation dans
le cadre du partenariat, à la remise à niveau des bâtiments afin qu'ils
puissent être utilisés très rapidement pour que le travail se fasse dans de
meilleures conditions à la fois de légalité, de confort et de sécurité.
Fred : Au nom du Collectif des Diables Bleus, je voudrais aussi préciser que
ce lieu à une histoire, ce quartier à une histoire, qu'il est aussi
l'aboutissement d'un premier squat d'artiste qui était ouvert sur le
quartier qui a été Nux Vomica et qui a donné lieu au Carnaval indépendant,
qu'il y a aussi eu Zou Mai qui a travaillé sur les fêtes populaires, sur la
culture niçoise, et que ce lieu est l'expression de cette culture forte qui
a peu l'occasion d'apparaître, que c'est aussi pour les gens du quartier,
pour mettre des salles à dispositions, des salles des fêtes, des locaux de
répétition pour essayer de renouer avec la tradition de danse, de musique
qui a toujours animé ce quartier Saint Roch qui a toujours été un peu le
déshérité de la ville puisque le développement se fait surtout au niveau du
tourisme et de l'avenue Jean-Médecin. Pour contribuer à ça, on aimerait
adresser une lettre au Premier Ministre, pour le sensibiliser à cette
question là et joindre les dossiers qu'on a déjà constitués expliquant les
démarches faites par les associations du quartier depuis longtemps déjà.
Jeff : On commence une relation avec l'Université autant par le biais
d'Espace Libre en relation avec les étudiants d'Arts du Spectacle, nous ce
qu'on aimerait, c'est prolonger ce partenariat, avoir une convention
concrète avec les artistes professionnels qui sont là et essayer d'avoir une
formation, des interventions régulières sur les campus pour essayer de
sensibiliser à l'art dans le campusS Espace Libre montre qu'il y a des
possibilités, il y a plus de cent personnes qui sont dans l'organisation,
pour la plupart des étudiants, c'est assez formateur, et il y a beaucoup
d'autres choses à faire si on peut avoir comme ça des discussions et des
objectifs sur ce point là.
Gourdet : Si je suis ici aujourd'hui, c'est que, vous le savez bien, je suis
très attentive à la culture à l'intérieur de l'université et dans la villeS
Quand vous dites, on commence un partenariat, j'avais l'impression qu'on
l'avait déjà commencé depuis un certain temps, ça fait un an que je suis
présidente et je pense qu'on l'a commencé depuis un certain temps et vous
êtes bien placé pour savoir que j'ai aidé Espace Libre cette année dans la
mesure de mes possibilités et que je continuerai à le faire.
Ð Je voudrais dire aussi que nous, dans notre démarche, on a réussi à
avancer sur le site et qu'on est entièrement solidaire des luttes que peut
mener le département des Arts et de toutes les choses qui restent encore à
faire à l'intérieur de l'université. C'est vrai que ce département a été
très présent sur le site quand on en a eu besoin et maintenant on continue à
lutter avec eux pour qu'ils puissent eux aussi obtenir des locaux de travail
parce que ce sont de futurs professionnels
Gourdet : J'y travaille et je peux vous dire que dans les nouvelles
constructions qui se feront après votre départ, je réfléchis à un amphi qui
serait en même temps une salle de spectacle.
Duffour : Voilà, je suis obligé de repartir, mais sachez que je suis à votre
disposition avec Monsieur le Directeur.
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